ZARPA STORY (2) - Le Burkinabé

Publié le par Frank Simon

ZARPA STORY (2) - Le Burkinabé

Voici le deuxième épisode de la série consacrée à mon mentor, Raymond Zarpanélian, avec lequel j’ai partagé quelques souvenirs sur le continent africain. Aujourd’hui, notre périple burkinabé !

Au tout début de l’année 1997, je m’organise pour passer une semaine au Burkina Faso, qui doit abriter la CAN 1998. L’idée est de me rendre sur place afin de voir comment s’organise le tournoi. Zarpa, qui est alors entre deux missions, décide de se joindre à moi pour découvrir le pays des hommes intègres. A l’ambassade du Burkina Faso, il sympathise avec les gens, un détail qui aura son importance plus tard.


A peine rentré de Lisbonne où j’ai assisté à la victoire 2-1 de la sélection d’Afrique sur l’Europe (Meridian Cup), je saute dans un nouvel avion, direction le Beau Continent. Avec Big Z, nous débarquons à Ouagadougou, la capitale, en début de soirée. Zarpa découvre l’harmattan, ce vent chaud caractéristique de la saison hivernale. Nous partons nous ravitailler en eau potable, et découvrons avec tristesse le vieux stade municipal de la ville, en passe d’être détruit, rasé. Avant d’être remplacé par une enceinte neuve qui servira de théâtre à la CAN l’année d’après. Le lendemain, nous décidons d’aller assister à un match entre l’ASFA (le club militaire) et le modeste Sanmatenga de Kaya (8-0 !) suivi par quelques centaines de spectateurs à peine au stade du 4-août. A la fin du match, Zarpa, séduit par le jeu de l’ASFA, part échanger avec Sidiki Diarra, le coach militaire, et frère du gardien de la sélection, Ibrahima, qui joue alors au FUS de Rabat. L’entretien est courtois, chaleureux même. « Un jour, tu seras sélectionneur », lui prédit Zarpa. Ce qui devait arriver, effectivement, quelque temps plus tard ! Zarpa décide, puisque nous n’avons pas de véhicule, de rentrer à l’hôtel Indépendance à pieds. Plusieurs kilomètres séparent l’enceinte de notre base mais la distance, la chaleur et la fatigue ne font pas reculer le coach. Au contraire ! Sur la route, quasi déserte – hormis les deux-roues, si nombreux au Pays des Hommes Intègres – Big Z s’amuse des « loulous » qui lorgnent sur son sac. « Qu’ils viennent donc se frotter à moi », se marre-t-il. Le lendemain, nous sommes à l’entraînement de l’ASFA Yennenga. Par plus de 35 degrés, 45 joueurs courent après un ballon sur de la latérite, sèche et dure. Dans ce ballet de poussière, quelques gardiens s’entraînent comme ils peuvent. Le ballon ne sort jamais des limites du terrain, puisque dès qu’il s’éloigne du centre, un coup de guidon de mobylette – elles sont nombreuses tout autour - le fait repartir ! A un joueur qui traîne la patte, Zarpa fait un diagnostic immédiat, et les soins dont il aura besoin. « Mais vous êtes un charlatan », s’exclame un dirigeant, impressionné par les dons du coach, charlatan prenant pour la circonstance une consonance très positive ! Interviewé par la presse locale, il rencontra aussi le Ministre des Sports, M. Tiendrébéogo, un militaire avec lequel il sympathisa. Bref, Zarpa adora ce pays attaché à ses traditions et à son histoire.

Quelques jours à peine furent nécessaires au coach pour se faire une idée plus précise de ce football burkinabé. Je ne le savais pas, mais il a décidé de venir travailler à Ouaga ou Bobo Dioulasso ! De retour à Paris, il fit fructifier ses contacts à l’ambassade. Comme l’AS Fonctionnaires de Bobo Dioulasso cherchait un technicien, il partit donner un coup de main au début de l’été ! Son (court) séjour se soldera par une place de deuxième du championnat, et une victoire en Coupe nationale ! Il aimait à le répéter, mais personne, dans le milieu, ne le croyait vraiment : Zarpa a couché chez l’habitant durant son séjour bobolais. Plus exactement chez une famille d’amis qui l’hébergeaient, dans un quartier populaire. Il allait et venait sur une mobylette, et tous les gens du coin l’appréciaient. Il appelait respectueusement la jeune maman de la maison « Bam’so » et faisait les courses pour la famille dès qu’il finissait ses séances. Parmi ses joueurs, le futur gardien de la sélection, l’immense Abdoulaye Soulama. A l’ASFB, il aimait défier les clubs de la capitale, qui l’avaient « boudé » d’une certaine façon en ne donnant pas suite à ses appels du pied, lors de notre séjour commun. Il s’évertua donc à les battre. Après la Sierra Leone, Big Z avait été adopté par un nouveau pays. Plus tard, il prononça souvent cette phrase : « J’irais finir là-bas, sous le baobab ». A chaque séjour, il appréciait toujours plus le continent et ses particularismes. Ses activités de Président (aimé et respecté) de l’Amicale des éducateurs du district de Seine Saint-Denis lui permirent, parfois, d’organiser des débats dont le thème central était : le Football et l’Afrique. Ses deux passions dévorantes. (A suivre...)

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A
Zarpa ma souvent fait quelque anecdote sur le Burkina Faso, un pays chères a sont cœur ... !!
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